Les blasons d’évaluation : une solution d’évaluation favorisant la clarté cognitive et permettant aux élèves de représenter leurs progrès.
Lorsque je travaille auprès d’élèves de 6 à 8 ans, il est frappant d’observer combien il est difficile pour eux de se représenter l’apprentissage lui-même. Ils cherchent souvent à bien faire pour des raisons diverses (réussir, faire plaisir, ne pas être grondé etc.). L’erreur est souvent vue comme un échec et non pas comme une normalité dans l’apprentissage.
Dans ma classe, j’essaie de dédramatiser l’erreur et d’associer au maximum les élèves, dès 6 ans, à l’évaluation de leurs progrès.
En simplifiant énormément, je dirais : l’erreur est normale, c’est une façon de voir que l’on a quelque chose à apprendre. Si on ne fait aucune erreur lors d’un exercice, c’est que l’on a plus vraiment à apprendre sur cette compétence dans ce contexte et il faut complexifier (dé-contextualiser) ou passer à autre chose.
Pour que les élèves sachent ce qu’ils apprennent et soient associés à l’observation et l’évaluation de leurs progrès, j’aurais pu utiliser l’excellent travail de la PMEV. cependant, je cherchais quelque chose de moins « lourd » à mettre en place, quelque chose de très visuel (un peu comme les ceintures de niveau) et de motivant/gratifiant.
Voici mon idée et son application (depuis septembre 2009) : Les blasons de compétences.
Je remplis chaque matière avec 5 niveaux de couleur (jaune, orange, vert, bleu, marron). Les compétences utilisées sont celles de ma progression pour chaque période (5 périodes dans l’années) mais rédigées d’une façon qui soit compréhensible par les enfants et leurs parents.
Les blasons jaunes et orange s’obtiennent facilement, avec tout de même un peu de travail. Même mes élèves en grande difficulté réussissent à les obtenir. Les blasons verts et bleus sont plus ardus à obtenir. Le blason marron est censé être impossible à obtenir, sinon exceptionnellement. Il joue le rôle de l’excellence inaccessible et dédramatise le fait que tous n’arrivent pas non plus à obtenir le vert ou le bleu.
Ce qui est important, c’est d’être associé à ce que l’on apprend, plutôt que de subir ce que l’on nous enseigne sans s’y engager soi-même. C’est du moins ce que j’essaie de mettre en place, et je suis assez satisfait du résultat.
Chose étonnante, les élèves réussissent malgré l’exigence que cela demande à 6-8 ans, à obtenir des blasons marron. Ce que je n’avais pas prévu. Certains en obtiennent 2 ou 3 par période, et parfois dans ce qui les mettait le plus en difficulté (graphisme, comportement, ou orthographe). Malgré ces réussites, les élèves ayant obtenu des blasons jaunes et orange restent fiers de leur travail.
Les blasons ne sont pas en jeu lors de chaque travail. Les élèves choisissent de tenter un blason lorsqu’ils se sentent prêts. Nous discutons de cela lors des réunions de classe. Je ne peux imposer des bilans mettant en jeu des blasons qu’en fin de période. c’est la règle. Eux peuvent les demander quand ils se sentent en confiance.
Contrairement à ce que je pensais, ce n’est pas bien lourd à mettre en place, car les élèves sont très acteurs dans le fonctionnement et réussissent à gérer seuls ou en groupe leur demande de validation de blasons. Cela tombe bien, c’était l’objectif principal du processus.
J’ai fabriqué des blasons en photocopiant les planches de blasons sur des feuilles de couleur jaune, orange, verte, bleue et marron. J’ai plastifié ces feuilles et découpé les blasons. (Ça c’était la partie longue de préparation)
Les élèves collent les blasons plastifiés, à l’aide de pâte collante, sur leurs cahiers d’évaluation où se trouvent les compétences attendues pour la période en cours. Le dernier jour de la période, ils colorient chaque blason du cahier d’évaluation avec la dernière couleur obtenue et me rendent les blasons plastifiés. Cela remplace très largement nos bulletins.
Voici des liens vers le matériel (planches de blasons et modèles vides pour les cahiers d’évaluation). Ils sont sous licence CC by-nc-sa, sont utilisables, modifiables, adaptables au besoin avec OOo, l’excellente suite de bureautique libre et gratuite qui équipe de plus en plus les entreprises prestigieuses et les grandes administrations.
Matériel-blasons, à photocopier sur feuilles jaunes, orange, vertes, bleues et marron en nombre suffisant et à plastifier (Document de 1Mo sous licence CC by-nc-sa utilisable et modifiable avec OOo).
Exemplaire élève vide (sauf quelques matières qui ne se renouvellent pas trop) des fiches de compétences avec blasons(1,1 Mo sous CC by-nc-sa utilisable et modifiable avec OOo).
Exemple de fiche élève remplie pour la quatrième période de CE1 (du 1er mars au 9 avril 2010) en PDF.
J’ai utilisé dans ces documents deux polices de caractères pour faire joli. Elles ne sont pas présentes par défaut dans OOo. Les documents seront moins attrayants sans elles. Elles se trouvent ici :
Hand of Sean pour les titres.
Cheri pour les écritures dans les blasons.
Voilà tout, ce n’est rien de très théorique ou fumeux, j’en suis conscient. Mais cela donne un petit supplément d’âme à la classe, une cohésion, un respect et surtout, cela respecte la conception que je défends de l’enseignement et de l’éducation.